Quelques mots sur la crise d'adolescence (2/2)

Quelques mots sur la crise d'adolescence (2/2)
Photo par Florian van Duyn

Nous terminions la première partie de cet article sur une définition du processus de crise. Utiliser cette définition dans le cadre de notre thématique, dévoile un éclairage inédit.

La crise d'adolescence n'est pas de la colère, de la révolte, du mal-être, du repli sur soi. Bien sûr, il y a de cela. Mais ce sont les manifestations les plus superficielles de ce qui nous intéresse. La crise d'adolescence est d'abord un mécanisme complexe et intime, animée par une double sensation que l'adolescent éprouve. La sensation qu'il ne pourra pas supporter la rigueur du monde adulte qu'il rejoint, et la sensation qu'il ne pourra pas abandonner la tendresse de l'enfance qu'il abandonne.

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L'ours en peluche, cet objet transitionnel. Photo par Barrett Ward

Nous comprenons que l'adolescence est avant tout, dans l'idéal, une période devant déboucher sur la conviction d'être prêt à vivre désormais en tant qu'adulte. Si ce sentiment est balayé par les doutes, l'adolescence devient une crise continuelle et pas seulement ponctuelle, dont les soubresauts risquent de se prolonger bien après l'entrée dans le monde adulte.

Incidemment, nous comprenons que l'instigateur de la crise d'adolescence est moins l'adolescent que les parents[footnote]. Car enfin, ces parents qui ne guident pas suffisamment leur enfant vers l'autonomie, ces parents qui d'un autre côté privent leur enfant de la chaleur et des repères nécessaires, à quelle adolescence le préparent-ils ? Et devenu adolescent, quel adulte va-t-il devenir ?

L'instigateur de la crise d'adolescence est moins l'adolescent que les parents

Nous comprenons dans le même temps pourquoi l'adolescent se rebelle lors de sa crise d'adolescence. Consciemment ou non, l'adolescent demande en quelque sorte des comptes à ses parents, ou plutôt au système éducatifs qu'ils lui ont imposé. S'il a reçu trop d'amour, il ne se sent pas assez fort pour s'affirmer ; s'il a reçu trop de rigueur, il a au contraire peur de s'affirmer. Dans tel cas, il n'a jamais reçu les outils pour vivre sa vie d'adulte ; dans tel autre cas, ses outils ont été abîmés ou détruits. Alors, il a peur. Et il se sent d'une certaine manière abandonné par des parents qui l'ont poussé vers un stade de sa vie auquel il ne peut se soustraire.

L'adolescent demande en quelque sorte des comptes à ses parents, ou plutôt à leur système éducatif.

— Te voici seul, à présent. Avance donc, mon enfant ! lui disent-ils implicitement.
— Mais comment, papa, maman ? répond-il un peu perdu.

En fait, il reçoit une injonction forte, sans les moyens pour l'honorer. Une demande pressante à être, sans le savoir-être pour la sublimer. Quelle angoisse existentielle terrible !

Voici ce que nous sous-entendions au début, par cette définition quelque peu rebutante, mais qui désormais devient plus claire. La crise d'adolescence, c'est le rejet d'avoir à assumer la réalité imposée implicitement par les parents.

Parents physiques comme parents symboliques encore une fois, et par extension toute entité ayant contribué au développement de l'enfant.

David Benkoel

David Benkoel

Analyste et écrivain, je partage sur ce Blog mon goût pour la psychologie et pour le développement personnel.

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