Pour reprendre le cours de notre article, nous y parlions de foi. Nous n'en évoquions qu'une facette : les aléas de l'existence procèdent de la Sagesse divine, car D.ieu sait qu'ils permettent à l'homme d'atteindre sa propre perfection.
Il existe une seconde facette, qui ne doit surtout pas être passée sous silence. Ces aléas sont à la portée de celui qui les traverse, car D.ieu n'impose à l'homme aucune difficulté qu'il ne puisse surmonter. D.ieu n'essaie pas de mettre l'homme en échec, mais de l'élever. Aussi, l'échec signifie en quelque sorte la fin d'un chapitre, d'un point de vue humain, et l'invitation à en commencer un nouveau, d'un point de vue divin.
D.ieu n'impose à l'homme aucune difficulté qu'il ne puisse surmonter.

En la matière, le danger pour l'adulte ayant hérité d'une enfance malheureuse ou traumatisante, est d'en vouloir à ses parents. Il pourra y passer la vie… qui, d'ailleurs, n'en sera pas une. Car sans arrêt, il réfléchira aux épisodes passés marquants, susceptibles d'expliquer ses échecs présents. Eh bien ! Son présent, soyons clairs : il le perdra. De ce fait, il gâchera son avenir. Tout cela à cause du passé, c'est-à-dire d'une dimension qui n'existe plus !
Il gâchera son avenir à cause du passé, une dimension qui n'existe plus !
Un verset pourrait s'intégrer parfaitement à notre réflexion : C'est pourquoi l'homme abandonnera son père et sa mère[footnote]. Non pas que l'enfant doive un jour délaisser ses parents comme on lâche du lest pour gagner de l'altitude ! L'enfant, pour devenir un homme, n'a d'autre choix que d'abandonner ce qui le lie au temps où il vivait avec son père et sa mère. Abandonner ne signifie ni blâmer, ni rejeter, ni refouler. Cela veut dire utiliser son expérience pour construire, soi d'abord, son couple ensuite, ses enfants pour finir.
L'enfant qui a souffert a vécu des moments détestables, il n'y a rien à y redire. En revanche, le statut des souffrances passées gagne réellement à changer. On pourrait le dire ainsi : la difficulté d'hier, c'est le défi d'aujourd'hui qui produira demain un être complet.
Au bout d'une enfance difficile, une autre épreuve attend. Ce sera la dernière, sur ce chemin spécifique en tout cas. Elle pourra sembler hors de portée ; elle sera pourtant la porte à franchir pour se libérer d'un douloureux passé. L'épreuve sera de pardonner à ses parents pour le tort causé.
Le jour où l'enfant est capable de pardonner, c'est le jour où il accepte rétroactivement l'épreuve que D.ieu lui avait envoyée, dans une dimension nécessaire et positive que lui ne perçoit peut-être pas entièrement, mais que D.ieu connaît.
Ce jour-là, il est devenu grand.