Don Juan, l'amoureux des femmes-objets (2/3)

Don Juan, l'amoureux des femmes-objets (2/3)

Don Juan, ce glorificateur du prendre

Nous nous sommes quelque peu éloignés du thème de l'article. Ces détours, utiles, vont nous permettre de caractériser son personnage central : Don Juan.

Qui est-il donc ? Peut-être un homme qui, en prétendant pouvoir aimer toutes les femmes, est au fond incapable d’en aimer une seule. S’aime-t-il lui-même ? Il y a toutes les raisons d’en douter.

Quoi qu’il en soit, nous comprenons à présent pourquoi Don Juan n’est pas un « sur-homme » comme il aime à s’en vanter, mais plutôt... un « sous-homme ». Loin du sarcasme, l’expression doit être prise avec la plus grande objectivité. De par sa conception de l’existence, Don Juan rejette délibérément la nature sublime que D.ieu a conférée à l’homme. Simple prédateur, il prend, il utilise, il profite et il nourrit ses pulsions comme son ego. Alors il rejette. Pour prendre à nouveau.

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Photo par Gary Chan

En fait, Don Juan n’a qu’une chose à donner : de belles paroles. Une apparence, et rien de plus. Un bel écrin « offert » pour détourner de l'inavouable : la nécessité d'assouvir ses désirs. Don Juan ne saurait donner, puisque sa référence ne peut être sa future conquête. Tout ce qu’il peut offrir à cette dernière, c’est un accord de principe qui laisse libre cours à son insatiable appétit. Piètre compensation...

Conquête. Le mot est lâché. Oh ! Il n’a rien de malsain. L’homme doit conquérir, le procédé lui est même essentiel. Un certain progrès personnel, une idée concrétisée, une reconnaissance sociale, un statut professionnel et même une épouse[footnote].

Encore faut-il connaître l’art et la manière de conquérir.

Dans sa sagesse, le roi Chlomo enseigne : celui qui domine ses passions est meilleur que celui qui conquiert une ville[footnote]. Le mot « meilleur » de ce verset (« tov » en hébreu) signifie « bon », tout en véhiculant une idée de plénitude. Ainsi et par exemple, le guerrier courageux qui amène une ville à la capitulation est moins « bon » que l'homme ayant dominé un violent désir personnel de conquête. La conquête confère évidemment au premier un sentiment de satisfaction, de puissance, de gloire aussi. Mais pas de plénitude. Après avoir conquis une ville, il voudra en conquérir une autre, puis une autre. Où est son repos ?

Don Juan est de ces vaillants guerriers.

Il conquerra une femme, usant des stratégies les plus habiles, alternant entre le charme, la galanterie, la patience, la fantaisie, la douceur. La persuasion ou la menace s'il le faut ! Il lui jurera son amour, la bercera avec des mots doux et des rêves fantastiques. Mais même une fois son ego rassasié, il n'éprouvera aucune plénitude, car ses passions n’ont pas de limite. Alors il entamera une autre conquête, dans l'espoir d'étancher une soif qui ne le sera jamais.

Et quel ravissement quand une telle conquête, tout en étant animée d'un désir ardent, se drape de pudeur et de respect ! La virilité, qui peut sembler parfois si brute, en devient poétique. En fait, elle est sublimée.
Michlei 16,32.

David Benkoel

David Benkoel

Analyste et écrivain, je partage sur ce Blog mon goût pour la psychologie et pour le développement personnel.

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