Pour introduire cet ouvrage consacré au rapport à soi, nous citions la célèbre maxime de Hillel haZaqen :
Si je ne suis pas pour moi, qui est pour moi ?
Pirqei Avoth 1,14
Nos Sages enseignent également que l’homme est proche de lui-même (Sanhedrin 9b). Être pour soi, cultiver ce lien naturel et sain, est la stricte base d’une existence épanouie.
Hélas, ce principe reste mal compris. Trop souvent, l’homme est tellement pour lui qu’il l’est exclusivement. En organisant son quotidien autour de sa seule personne, il le gâche. Nous le savons en effet, une vie égoïste crée des besoins qui s’inscrivent plus dans la multiplicité que dans la nécessité. L’égoïsme est cette machine à produire des pôles d’intérêt nombreux mais vides de sens qui, nécessairement, tendent à obscurcir la raison.
Quand finalement tout devient confus et fuyant, de l’intention à l’implication en passant par la projection et la décision, l’homme sent qu’il ne parvient plus à évoluer. Il a coupé le lien avec lui-même.
Être pour soi n’est pas aisé. Quand on y parvient, la victoire est appréciable…même si elle n’est pas définitive. Être pour soi, c’est une étape qui prépare à une ambition plus grande encore : construire le lien avec son prochain. La Torah l’exprime de façon à peine voilée. Avant de créer la première femme de l’humanité, D.ieu dit :
Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul.
Berechith 2,18
S’il reste seul, focalisé sur son ego, l’homme n’a aucune chance de se réaliser. Il a besoin de se lier à un autre que lui, d’épouser la différence au nom d’un but commun. Et comme partir à la rencontre de l’autre c’est un peu partir vers l’inconnu, ce pas en avant exige une préparation. Celle-ci se nomme « être pour soi ».
Se construire apparaît dès lors comme la première réponse à l’adage :« Aime ton prochain comme toi-même » (Vayiqra 19,18). L’hommecapable de s’aimer lui-même peut effectivement espérer développer l’amour du prochain.
S’il plaît à D.ieu, ce sujet fera l’objet d’un second ouvrage. Pour l’heure, il nous importe de Le remercier pour nous avoir permis de terminer celui-ci.
Loué soit D.ieu à jamais ! Amen et amen.
Tehilim 89,53