Don Juan, l'amoureux des femmes-objets (3/3)

Don Juan, l'amoureux des femmes-objets (3/3)

Un système impensable, mais qui fonctionne !

L’unique statut que Don Juan réserve à ses conquêtes est celui de femme-objet.

Quel nom étrange, à la réflexion. Une femme est douée d’une volonté apte à s'élancer dans le monde. Elle est douée de sensibilité, ô combien ! Un objet, lui, est inerte. C'est-à-dire qu'il n'a pas de volonté propre, étant entièrement soumis à la volonté de l’individu qui l'utilise. Et voici que sous la dénomination hybride de femme-objet, l’être pensant et sensible rejoint l’inerte dans une définition presque irrationnelle.

Sous la dénomination hybride de femme-objet, l’être pensant et sensible rejoint l’inerte dans une définition presque irrationnelle.

Telle est donc la place misérable que Don Juan réserve à ses compagnes éphémères.

Partagés entre révolte et indignation, nous nous posons la question. Comment une femme peut-elle accepter de se livrer à un Don Juan, devenant femme-objet malgré elle ? Qu’est-ce qui permet à un tel système, mortifère, impensable, de fonctionner pourtant ?

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Photo par Marco Bianchetti

Suggérons une réponse qui pourra prolonger l'expression précédente « place misérable ». Car l’idée est là : Don Juan offre d'abord une place à la femme-objet. Et pour l’être humain, avoir une place, même misérable, est plus qu’une question d’équilibre. C’est une nécessité existentielle.

Pour l’être humain, avoir une place, même misérable, est une nécessité existentielle.

Souvenons-nous comment le Psalmiste s’exprimait devant l’indifférence sociale à son égard. Ces hommes qui ne lui accordaient aucune place : « Regarde à droite et vois, personne ne veut me connaître, tout refuge me fait défaut, nul ne se soucie de ma personne ! »[footnote]. Que ces mots simples, crus, sont poignants de vérité ! Cette peine que nous avons tous éprouvée au moins une fois dans notre vie, quand les autres nous ont renié, elle est là, exprimée dans ce verset, presque palpable.

Nous sommes pour la plupart incapables de supporter la rigueur de la solitude. Vivre sans l’approbation sociale reste profondément pénible. Dans notre société qui, parfois, manque cruellement d'humanité, cet état de fragilité psychique et émotionnelle, si délicat à gérer, revient périodiquement. Un état dont l'arrêt mériterait bien des sacrifices. Pour le conjurer, on serait prêt à donner beaucoup, peut-être à donner jusqu’à son amour-propre. Pourvu que l'on retrouve une place, même modeste, aux yeux des autres.

Tel est le lot de toutes les femmes-objets du monde, à qui tous les Don Juan du monde accordent la même place indigne. Pauvres femmes avides de reconnaissance, qui veulent croire que leur place est précieuse. Qu'aimées d'un Don Juan, elles sont plus belles. Et que d'ailleurs ces : « Tu es la plus belle ! », jurés les yeux dans les yeux, les rendront épanouies.

Tehilim 142,5.

David Benkoel

David Benkoel

Analyste et écrivain, je partage sur ce Blog mon goût pour la psychologie et pour le développement personnel.

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